- -eur
-
I.⇒-EUR1, suff.Suff. formateur de subst. fém. désignant la qualité exprimée par l'adj. de base.A.— Le dér. désigne une perception, une sensation (avec en gén. des emplois fig.)— une couleur : blancheur, blondeur, noirceur, pâleur, roseur, rougeur, rousseur, verdeur;— une sensation gustative ou olfactive : aigreur, fadeur, puanteur;— une sensation du toucher : douceur, froideur, fraîcheur, moiteur, tiédeur;— une impression esthétique : laideur.Rem. On notera aussi deux autres dérivations : l'une sur le subst. d'a. fr. hisde, hideur, l'autre sur le verbe sentir, senteur.B.— Le dér. désigne une propriété physique (avec en gén. des emplois fig.) : ampleur, épaisseur, grandeur, grosseur, hauteur, largeur, lourdeur, maigreur, minceur, pesanteur, profondeur, raideur.— Désigne une propriété abstr. : primeur.Rem. gén. 1. Les dér. peuvent prendre un sens concret, notamment au plur. : douceurs « sucreries » (ROB.); fadeurs « fadaises, propos plat et sot »; grosseur « sorte d'enflure, ou de boule... »; lenteurs « actions, décisions lentes »; primeurs « fruits, légumes consommables avant la saison normale »; rondeurs « forme ronde, chose ronde » (ibid.); rougeur « tache, plaque rouge sur la peau... » (ibid.); rousseurs « taches roussâtres dues à l'humidité... » (ibid.). 2. Parmi les nombreux subst. fém. en -eur issus de dér. lat. en -or (auxquels s'ajoutent qq. masc. ayant gardé le genre du lat.) deux séries sont senties comme des dér. a) Des subst. à signification abstr. désignant
) une propriété physique résultant d'une activité de rayonnement ou de combustion : ardeur, chaleur, couleur et, ayant perdu leur sens concr. en fr. contemp. : ferveur, splendeur;
) une sensation olfactive ou gustative : odeur, saveur;
) un état physique ou moral : douleur, fureur, humeur « disposition du caractère », langueur, rancœur, stupeur, torpeur;
) un sentiment de peur : frayeur, horreur, peur, terreur;
) une qualité morale ou physique : candeur, honneur (masc.), pudeur, vigueur. Le sentiment de l'existence d'un suff. -eur est renforcé par la possibilité de commutation de certaines finales : -ide → candeur/-ide, langueur/-ide, splendeur/-ide, stupeur/-ide; -ible → horreur/-ible, terreur/-ible; -ent → ardeur/-ent, ferveur/-ent; (i)eux → fureur/ -ieux. b) Des subst. désignant une action ou le résultat d'une action
) avec un verbe fr. en parallèle : clameur, erreur, sueur, teneur, valeur
) sans verbe fr. parallèle : faveur, labeur (masc.), rumeur.
Morphol. Lorsque l'adj. varie en genre, le dér. est formé sur le fém. D'où l'apparition de la consonne correspondante :— On notera aussi, par influence de noircir, noir/noirceur.Productivité. -eur1 est un suff. en sommeil. Les dér. datent surtout de l'a. fr. ou du m. fr. Les mots passés dans la langue à partir du XVIIIe s. sont rares : ampleur (1718), lourdeur (1789), minceur (1782), roseur (1908). On notera aussi qq. créations littér. :âpreur. [Fumée] dont l'âpreur vous râclait la gorge (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 341)blêmeur. Chez Vallès et Barbusse ds TLFsombreur. Ma belle, dépouillons-nous de cette sombreur, soyons moins élégiaques (BOREL, Poés. div., 1833, p. 236). La sombreur de son regard (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 118)strideur. La strideur d'un sifflet de machine (ID., ibid., p. 205).Prononc. :[-], fém. [-ø:z].
Étymol. et Hist.A.— Étymol. -eur1, anciennement -our, remonte au suff. de noms d'action lat., -or, -, issu d'anciens types de noms au thème en -s-. En latin, par rhotacisme, le s, en position intervocalique aux cas obliques, s'est changé en r, d'où l'alternance -
/-
, que l'on trouve dans quelques monosyllabes (cf. ERN. Morphol. 1953, pp. 25-29) :
,
,
,
et dans les masc. :
,
,
,
,
,
,
et
.
Mais, sous l'influence des autres cas, un r s'est le plus souvent introduit au nominatif, et a entraîné l'abrègement de l':
, arbor/-
.
La finale -or/-très répandue en lat. a contribué à la formation de nombreux noms d'action. Elle s'accolait gén. aux radicaux de verbes d'état en -eo et était accompagnée d'un adj. en -idus :
rigor — rigeo — rigidussapor — sapio — sapidusstupor — stupeo — stupidusvalor — valeo — validusUn certain nombre de formations dérivent cependant d'autres types de verbes et sont accompagnées d'autres adj., correspondant à des verbes actifs, elles marquent alors l'action en train de se faire ou son résultat :amor <clamor <error <sudor <Quand l'adj., au lieu d'être lui-même un dér. comme le sont les adj. en -idus, a servi de base au verbe, il se peut que la langue y rattache directement le dér. en -or sans l'intermédiaire du verbe d'état correspondant. Ainsi albus est à la source de albeo dont on a tiré albor; mais ce dernier a pu être rapproché de albus. De même dans :La correspondance régulière, par ailleurs, des adj. en -idus avec les couples verbe en -eo/subst. en -or a pu confirmer la langue dans cette tendance de telle sorte que certains subst. en -or ont été créés directement sur des adj. parallèlement aux formations abstr. en -itas, -itudo (bellus, bellitas, bellitudo) et qui ont servi de modèle à toutes les créations fr. en -eur : amaror, dulcor, curvor.B.— Histoire1. Productivité du suff. -eur1 était l'un des suff. les plus usuels en a. fr. (aspreur, baudour, brumour, fieror, folour, basseur, irour, tenebrour, tendreur, tristour, verour, vieilleur...). Mais, à cause de la prolifération de formes synon. (lasseur, lassesse, lasseté, lassitude...) beaucoup de mots en -eur ont été éliminés, surtout au XVIIe siècle.2. Le passage au genre fém. Les subst. en -or (-eur), masc. en lat., sont, gén., du genre fém. en fr. On trouve des traces de ce passage du masc. au fém. dans toutes les lang. romanes. R. DE DARDEL (cf. Bbg. infra) situe ce phénomène en « roman commun » d'autant plus qu'il a trouvé des attestations d'abstraits en -or féminins dans des textes bas-latins (« clamor orta », « tanta splendor », « ablata dolore »). S'il y a eu qq. hésitations en ital., en esp. et en port. qui ont souvent conservé le genre du lat., le fém. l'emporte en prov. et en roumain. Dès les premiers textes d'a. fr., on relève des formes en -or fém. : albor, amor, chalor, clamor, color, cremor, dolor, honor, olor, poor, rimur, splendur, suor, savor. Sont au masc. les empr. sav. comme : labor, odor, vigor, et parfois aussi : amor, ardor, color, honor, savor. R. de Dardel constate que l'apparition des masc. est assez tardive et l'explique par le mouvement humaniste. Au XVIe s., en effet, on peut remarquer le retour vers le genre du lat. d'un bon nombre de mots en -eur : ardeur, couleur, erreur, honneur, horreur, humeur, odeur, rumeur, sueur, teneur. Ont gardé ce genre en fr. mod. : amour (qui est cependant fém. au plur. chez les poètes), honneur et labeur. Ce changement de genre semble avoir pour cause essentielle :— le développement d'abstr. en -ura à côté des subst. en -or, et la confusion possible des deux formes : ardor/ardura, calor/ calura, fervorervura, rigor/rigura;— l'action analogique des subst. abstr. fém. du lat. : -tas, -itia, -ia, -tio, -tudo.BBG. — BECHEREL (D.). La Dér. des n. abstraits en fr. Thèse, Paris-Sorbonne, 1976, pp. 217-225. — DARDEL (R. de). Le Genre des subst. abstraits en -or ds les lang. rom. et en rom. commun. Cah. F. Sauss. 1960, n° 17, pp. 29-45. — LEW. 1960, p. 17, 170; pp. 181-183. — LÜDTKE (J.). Prädikative Nominalisierungen mit Suffixen im Französischen, Katalanischen und Spanischen. Tübingen, 1978, p. 66, 144, 158, 182, 193, 432.II.⇒-EUR2/-EUSE, -(A)TEUR/-(A)TRICE, (-TEUR, -ATEUR, -TRICE, -ATRICE)suff.Suff. formant des noms d'agents.I.— eur, -euse. [La base est en gén. un verbe, parfois un subst.]A.— Le subst. dérivé (souvent adjectivable) désigne une personne.1. Il désigne la personne exerçant un métier, une fonction, une activité sociale.a) [Il varie en genre.]b) [Avec des acceptions spéc. :] acheteur, bateleur, bridgeur, brodeur, brunisseur, danseur, etc.— [Il est au masc. :] affameur, ajusteur, annonceur, arrimeur, assureur, boxeur, couvreur, déménageur, déserteur, fourreur, lamineur, penseur, professeur, sculpteur, etc.— [Il est au fém. :] effeuilleuse, entraîneuse (voir ce mot sous B), repasseuse, repriseuse.2. Il désigne la pers. caractérisée par une inclination morale, un trait dominant et permanent du comportement ou du caractère : accrocheur, bagarreur, bluffeur, carotteur, chapardeur, chercheur, enjôleur, ensorceleur, flaireur, fouineur, frôleur, fureteur, etc.— [P. oppos. au masc., le fém. peut prendre une valeur péj. :]allumeuse. « Femme aguichante, qui cherche à exciter les hommes »pisseuse. « Petite fille ».Rem. Le dér. peut également désigner un animal. Il est au masc. : aboyeur, dormeur, fouisseur, galopeur, hurleur, rongeur, trotteur; il est au fém. : arpenteuse « araignée », pondeuse, ventileuse « abeille ».B.— Le subst. désigne un agent inanimé (il a, comme tel, un genre fixe).1. [Il est au masc.]a) Le mot désigne en même temps la pers. (avec variation de genre) : écouteur, éplucheur, frotteur, nettoyeur, pointeur, traceur.b) Le mot désigne en même temps la pers. de sexe masc. : analyseur, avertisseur, brûleur, changeur, chargeur, compteur, convertisseur, décrotteur, diviseur, dragueur, jaugeur, mesureur, nourrisseur, patrouilleur, redresseur, torpilleur, transmetteur, transporteur, verseur, viseur.c) Le mot désigne uniquement un agent inanimé : absorbeur, agrandisseur, amortisseur, caboteur, catalyseur, classeur, composteur, concasseur, croiseur, culbuteur, démarreur, écarteur, échangeur, enfouisseur, escorteur, flotteur, haut-parleur, inverseur, mélangeur, mouilleur, percuteur, planeur, propulseur, purgeur, ralentisseur, tâteur, tendeur, transbordeur.2. [Il est au fém.]a) Il désigne un appareil ou une machine.— Le mot désigne en même temps la pers. (avec variation de genre) : balayeuse, botteleuse, cireuse, colleuse, découpeuse, faneuse, faucheuse, marqueuse, moissonneuse, peigneuse, perceuse, planteuse, poinçonneuse, raffineuse, remplisseuse, rinceuse, tondeuse, tireuse, trayeuse, veilleuse.— Le mot désigne en même temps la pers. de sexe masc. : assembleuse, fondeuse, haveuse, limeuse, mitrailleuse, raboteuse, riveuse, scieuse, suceuse, sulfateuse, taraudeuse.— Le mot désigne uniquement l'agent inanimé : écrémeuse, essoreuse, lessiveuse, lieuse.b) Le mot ne désigne pas l'appareil ou la machine accomplissant le procès, mais des objets domestiques caractérisés par leur destination :baladeuse. 1. Petite voiture de marchand ambulant. Voiture accrochée à la motrice d'un tramway. 2. Lampe électrique munie d'un long fil qui permet de la déplacerbarboteuse. « Vêtement de jeune enfant, qui laisse les membres à nu »boudeuse. « Siège double où deux personnes peuvent s'asseoir en se tournant le dos »causeuse. « Petit canapé (où deux personnes peuvent s'asseoir pour causer) »chauffeuse. « Chaise pour se chauffer près du feu »coiffeuse. « Petite table de toilette munie d'une glace devant laquelle les femmes se coiffent, se fardent »liseuse. 1. Couteau à papier servant de signet. 2. Couvre-livre amovible. 3. Petit vêtement de femme pour lire au lit3. [Il y a deux subst. de genre différent ou un subst. ayant les deux genres.]a) [Subst. masc. :]arroseur. « Appareil d'arrosage »batteur. 1. Ustensile ménager. 2. Organe principal d'une batteuseniveleur. « Petite herse »pétrisseur. « Pétrin mécanique »sondeur. « Appareil de sondage »trembleur. « Dispositif animé d'une vibration »trieur. « Appareil servant au triage des graines »b) [Subst. fém. :]arroseuse. « Véhicule (...) destiné à l'arrosage »batteuse. « Machine qui sert à l'égrenage des céréales... »niveleuse. « Engin de terrassement »pétrisseuse. « Machine à pétrir »sondeuse. « Petite sonde pour forages peu profonds »trembleuse. « Petite tasse retenue dans une soucoupe (par un évidemment) »trieuse. « Machine mécanographique »c) Le subst. a les deux genres :]bineur, euse. « Machine destinée aux binages »centrifugeur, euse. « Appareil agissant par force centrifuge »étuveur, euse. « Appareil, chaudière, four à étuver ».Rem. gén. 1. Noms d'agents dérivés d'un subst. La base peut désigner une activité : farceur, euse, subst. et adj. < farce, ou l'instrument : camionneur, subst. masc. < camion, ou la matière sur laquelle porte l'activité de l'agent : zingueur, subst. masc. < zinc. GOOSSE 1975, p. 5, signale parmi les dér. récents, formés sur un subst. : avionneur, baroudeur, hand-balleur, pisteur. 2. Adjectivation des subst. en -eur. É. Benveniste (cf. Bbg. infra) considère que les dér., quand ils sont adj., constituent une classe à part : ,,Bien que certaines formes, comme travailleur, joueur, soient communes aux deux catégories, elles ne sont pas prises dans le même sens, et n'ont pas la même construction (...). Pour le sens, [les] adjectifs indiquent une inclination morale, un trait dominant et permanent du caractère : travailleur « porté au travail », joueur « porté au jeu », rieur, moqueur, querelleur, farceur, menteur, jouisseur, rageur.`` Il introduit également une distinction à l'intérieur de la masse des noms d'agents : ,,Au sens strict un nom d'agent comme danseur désigne « celui qui danse », mais il a deux emplois : l'un professionnel « danseur de ballet », l'autre qu'on peut dire occasionnel « celui qui est occupé à danser » à un moment donné.`` L'adjectivation vaut également pour les noms d'instruments : abaisseur (rouleau), avertisseur (panneau), broyeur (pièces), diviseur (nombre), enregistreur (thermomètre, caisse), redresseur (prisme), transbordeur (pont), verseur (bec, bouchon), etc. 3. Opposition -ant/-eur A. Winther (cf. Bbg. infra) note qu'il existe, moins nombreux que les dér. en -eur, des formations en -ant, qui se répartissent comme les dér. en -eur en animés « agent » (un militant) et en inanimés « instrument » (un battant, une imprimante). Souvent dér. à partir d'un même rad., les formations s'opposent sémantiquement. Winther montre (pp. 80-82) qu'il s'agit d'une oppos. fondamentale entre agentif et objectif : ,,cette distinction simple rend compte de la diversité, voire de la confusion apparente, des faits qu'on peut observer. Considérons le cas, simple, des noms de produits. Nous trouvons d'un côté : un durcisseur d'ongles, un régulateur de la tension nerveuse, un révélateur, un fixateur (d'images photographiques); de l'autre : un calmant, un euphorisant, un détachant, un désinfectant, un reconstituant, un adoucissant, etc. Il est clair que les dérivés du premier groupe désignent des agents (chimiques) d'un procès spécifique, déterminé dans son objet, autrement dit des produits pensés sous l'aspect de leur fonction. Les dérivés du second groupe ne désignent pas sous l'aspect de la fonction, mais de la propriété dont le produit est le siège. Le durcisseur est fait pour durcir les ongles, l'adoucissant a pour effet d'adoucir (...). La même opposition agent/siège se retrouve, dans les couples tels que : charmeur/charmant, rieur/riant, amuseur/amusant, tentateur/tentant, etc., et cette opposition peut aussi être interprétée comme celle de la qualité active à la qualité passive. De façon générale, la forme en -ant sera compatible avec un sujet animé ou non animé : un garçon amusant, une idée amusante, une vallée riante, tandis que la forme en -eur convient mieux aux animés, ou à des sujets susceptibles d'action : un garçon charmeur, les rieurs, un sourire charmeur, tentateur, etc (...). En ce qui concerne les noms d'animés, on retrouve sans peine cette opposition gouvernant la répartition des suffixes, si l'on observe des formations comme : les spectateurs, les baigneurs, les promeneurs, les voyageurs, d'une part, et d'autre part : les assistants (ceux qui assistent à...), les errants, les passants. Les référents des premiers sont désignés comme agents responsables, volontaires, du procès qui les concerne; bien que la connotation « fréquentatif » n'apparaisse pas ici, du fait du sémantisme du radical, on pourrait néanmoins parler de désignation du point de vue de la fonction, dans la mesure où les référents participent au procès « ès qualités » : est spectateur celui qui est là pour regarder, voyageur celui qui se déplace pour voyager, etc. S'il s'agit au contraire de désigner les sujets manifestant un procès, même si, ce faisant, ils se livrent à une activité, on retrouve nécessairement la construction objective. On ne peut pas dire des errants qu'ils font en sorte d'errer, mais simplement qu'ils errent ou sont errants. Il est intéressant d'opposer les passants aux promeneurs d'une part : ceux-ci se promènent, ceux-là ne peuvent pas être caractérisés comme faisant en sorte de passer; ils passent, objectivement; aux passeurs d'autre part : ceux-ci font passer un obstacle.``II.— -(a)teur/-(a)trice. [La base est le plus souvent le rad. d'un subst. en -(a)tion; elle peut être aussi un verbe.]A.— Le subst. (souvent adjectivable) désigne un agent humain.1. [C'est un subst. var. en genre.]a) [La base est le rad. d'un subst. en -(a)tion, avec en parallèle un verbe :]acclamateur, accusateur, admirateur, administrateur, adorateur, adulateur, agitateur, animateur, annonciateur, annotateur, appréciateur, argumentateur, assimilateur, citateur, civilisateur, collaborateur, colonisateur, conciliateur, conjurateur, consolateur, consommateur,conspirateur, contemplateur, continuateur, coopérateur, créateur, déclamateur, décorateur, démonstrateur, démoralisateur, dénonciateur, dépréciateur, désorganisateur, dévastateur, dilapidateur, dissipateur, dominateur, donateur, éducateur, émancipateur, estimateur, exagérateur, expérimentateur, expiateur, explorateur, exportateur, exterminateur, fabricateur, falsificateur, fécondateur, fondateur, formateur, fomentateur, fornicateur, etc.b) La base est un rad. obtenu par commutation avec -(a)tion, sans qu'existe parallèlement un verbe :acteur, adjudicateur, auditeur, aviateur, compétiteur, compositeur, constructeur, correcteur, corrupteur, délateur, détenteur, déprédateur, directeur, divinateur, éditeur, électeur, instigateur, inspecteur, instituteur, inventeur, investigateur, législateur, moniteur, négateur, précepteur, prédicateur, persécuteur, prestidigitateur, producteur, promoteur, prospecteur, protecteur, rédacteur, rédempteur, répétiteur, séducteur, traducteur, etc.c) [La base est un verbe (il n'y a pas de subst. en -(a)tion) :]accompagnateur, blasphémateur, calomniateur, commentateur, cultivateur, dessinateur, dispensateur, ordonnateur, réformateur, sacrificateur, scrutateur, testateur, triomphateur.d) [Il n'y a ni verbe ni subst. en -(a)tion :] contempteur, conducteur, curateur, géniteur, orateur, salvateur, sectateur spectateur, tuteur, zélateur.2. [C'est un subst. masc.]a) [La base est le rad. d'un subst. en -(a)tion, avec en parallèle un verbe :] argumentateur, dégustateur, distillateur, immolateur, navigateur, versificateur.b) [La base est le rad. d'un subst. en -(a)tion sans verbe en parallèle : ]abstracteur, définiteur, descripteur, dissecteur, exacteur, instructeur, percepteur, proscripteur, répartiteur.c) [Il n'y a ni verbe, ni subst. en -(a)tion :] amateur, buccinateur, gladiateur, prosateur, sénateur; appariteur, chiropracteur, contrefacteur, docteur, imposteur, licteur, pasteur, provéditeur, prosecteur, rhéteur, etc.3. [C'est un subst. fém. :] cantatrice, impératrice, vocératrice.B.— Le subst. (gén. adjectivable) désigne un agent inanimé (il a, comme tel, un genre fixe).1. [Il est au masc.]a) Le mot désigne en même temps la pers. (avec variation de genre).— [La base est le rad. d'un subst. en -(a)tion, avec en parallèle un verbe :] adaptateur, compilateur, indicateur, manipulateur, modérateur, opérateur.— [La base est le rad. d'un subst. en -(a)tion :] collecteur, distributeur, facteur, interrupteur, rectificateur.b) Il désigne uniquement un agent de l'inanimé :— [La base est le rad. d'un subst. en -(a)tion avec en parallèle un verbe :] accélérateur, accumulateur, amplificateur, aspirateur, carburateur, combinateur, commutateur, comparateur, condensateur, détonnateur, élévateur, épurateur, fixateur, générateur, incubateur, inhalateur, irrigateur, isolateur, modificateur, obturateur, oscillateur, pulvérisateur, réfrigérateur, régulateur, révélateur, séparateur, stabilisateur, totalisateur, transformateur, vaporisateur.— [La base est le rad. d'un subst. en -(a)tion :] alternateur, dénominateur, extincteur, inducteur, injecteur, numérateur, projecteur, radiateur, réacteur, récepteur, réflecteur, secteur, tracteur.— [La base est un verbe :] alternateur, retardateur, résonateur.— [Il n'y a ni subst. en -(a)tion, ni verbe :] percolateur, sécateur, téléscripteur, vecteur.2. [Le subst. est au fém.]a) Il désigne en même temps un animé : médiatrice, reproductrice.b) Il désigne seulement un inanimé : bissectrice, locomotrice.3. [Il y a deux subst. de genre différent ou un subst. ayant les deux genres.]a) [Le subst. est au masc. :]automoteur. « Péniche à moteur »calculateur. « Machine à calculer utilisant les cartes perforées »excitateur, électr. « Appareil (...) servant à décharger un condensateur »générateur (de vapeur). « Chaudière »modulateur. « Appareil, ensemble d'appareils qui modulent un courant, une onde »moteur. « Appareil servant à transformer une énergie quelconque en énergie mécanique »perforateur. « Instrument servant à perforer »b) [Le subst. est au fém. :]automotrice. « Autorail »calculatrice. « Machine de bureau qui effectue les quatre opérations arithmétiques... »excitatrice (1893) , électr. « Dynamo qui envoie le courant continu à un alternateur »génératrice (d'électricité). « Machine transformant une énergie quelconque en énergie électrique »modulatrice. « Lampe qui effectue le changement de fréquence par modulation »perforatrice. 1. Machine-outil destinée à percer profondément les roches, le sol... 2. Mécanographie. Machine destinée à établir des cartes, des bandes perforéesC.— [Le dér. est un adj.]1. [La base est un subst. en -(a)tion, avec un verbe en parallèle :] centralisateur, communicateur, décentralisateur, déformateur, évocateur, excréteur, généralisateur, inhibiteur, ostentateur, préservateur, rémunérateur, sécréteur.2. [La base est un subst. en -(a)tion :] approbateur, réprobateur.3. [La base est un verbe :] dévorateur.Morphol. La dérivation fr. (-eur/euse) se fait à partir de la 3e pers. du sing.A.— La finale verbale est une consonne : allum-eur, bluff-eur, collectionn-eur, guillotin-eur, etc.— On notera, lorsque la voyelle antépénultième est [], le passage à [
] : ensorcelleur < ensorcelle, acheteur < achète, meneur < mène, semeur < sème, peseur < pèse, etc.; cf. cependant rouspéteur < rouspète.
B.— La finale verbale prononcée est une voyelle.1. Lorsqu'elle est suivie du graphème -e, -eur s'ajoute directement au thème : copi-eur, cri-eur, mari-eur, ri-eur, ski-eur, etc.; jou-eur, tu-eur, remu-eur.2. Il y a élargissement du thème :a) Le graphème final -t, -d, -c est sonorisé : batteur (bat), metteur (met), menteur (ment); dépendeur (dépend), fendeur (fend), fondeur (fond), pondeuse (pond); vainqueur (vainc). b) Élargissement en [s], [z] : — [s] : avertisseur, blanchisseur, démolisseur, pervertisseur, vernisseur, etc.; — [z] : diseur (dit), confiseur (confit), faiseur (fait).Productivité. L'option adoptée pour le choix des vocables à étudier — entrées communes à Pt ROB. et au dict. Fréq. t. 1 1971 — masque différents aspects du fonctionnement du suff., notamment sa place dans le vocab. techn. Dans l'étude Le Mouvement général du vocabulaire français de 1949 à 1960 d'après un dictionnaire d'usage de J. Dubois et alii, reproduite ds J. et C. DUBOIS, Introd. à la lexicogr. : le dict., Paris, Larousse, 1971, p. 118, les aut. notent, à partir d'une compar. des éd. de 1949 et de 1969 du Pt Lar. 1906 : ,,Ce qui frappe aussitôt, c'est l'importance numérique des disparitions (243) : abréviateur, admoniteur, affronteur, agrippeur, attiseur, alambiqueur, altérateur, abandonnateur, affermateur, amodiateur, baratteur, assembleur, arçonneur, aplanisseur, etc. Quelques-uns appartiennent à des techniques en voie de disparition ou à des séries en voie d'élimination (attiseur, arçonneur, allégoriseur), la plupart appartiennent au vocabulaire général abstrait ou à celui du droit : énumérateur, exagérateur, gausseur, fouetteur, dissertateur, dodelineur, amodiateur, remanieur, péroreur, etc. Une nouvelle distribution du suffixe apparaît dès que l'on examine le détail des mots introduits; ceux-ci désignent des machines ou des outils (46) : activeur, aplatisseur, aérateur, assainisseur. D'autres indiquent un métier (8) : acupuncteur, chiropracteur, etc. Ils sont plus nombreux dans la langue des sports : volleyeur, hockeyeur, talonneur. Le suffixe -eur forme surtout des substantifs désignant des machines. Mais où l'évolution de la technique intervient plus directement, c'est dans le cas où le mot en -eur désignant l'ouvrier est remplacé par le mot en -eur désignant la machine (ainsi adoucisseur); l'évolution des techniques modernes apporte ainsi une profonde modification du contenu sémantique des mots et par voie de conséquence du sens du suffixe. Mais, plus souvent encore, l'agent en -eur disparaît au profit de la machine en -euse : assembleur remplacé par assembleuse, lisseur par lisseuse. Celle-ci peut apparaître isolément : tronçonneuse synchroniseuse. Les deux mots (ouvrier, machine) peuvent coexister : trayeur et trayeuse. Le mot en -euse désignant la machine peut être, par son sens, complètement indépendant du mot en -eur : planteuse et planteur``. GOOSSE 1975 a étudié la néol. à partir de GILB. 1971; il note que sur un ensemble de 52 mots nouv., la plupart sont des subst. : ,,Comme tels, ils peuvent désigner des personnes (dans la grosse majorité des cas) ou des appareils (15 ex.). Ajoutons les féminins -euse (3 ex.) et -trice (5 ex.); ils ne sont relevés par G que pour des personnes : perforeuse, footballeuse et stripteaseuse (et 5 en -trice), alors que la langue moderne utilise cette finale souvent pour des machines; mais il s'agit de mots très techniques qu'ignorent les journaux parisiens.``Étymol. et Hist.A.— Étymologie1. -eur a pour orig. les suff. lat. -or ou -ator des noms d'agents.2. -euse a pour orig. le suff. -euse (< lat. -osa), fém. de -eux (< lat. -osus). Lorsque -eur s'est confondu phonétiquement avec -eux, -euse est devenu marque de fém. et a éliminé -eresse lorsque le [r] de -eur a été prononcé à nouveau.3. -atrice a pour orig. la finale lat. -trix, fém. de mots en -tor.B.— Hist. -eur s'est confondu phonétiquement avec -eux [ø] par suite de l'amuïssement pop. d'[r] final, et par l'influence des plur. où [r] tombait régulièrement devant [s]. Cet amuïssement commence dans la moitié du XIIe s.; [r] est partout muet en finale au XIIIe s. (d'apr. FOUCHÉ, t. 3 1961, pp. 663-666; voir aussi Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg 2, 1, p. 56; ID., Mél. Baldinger, 1979, pp. 546-548). LEW. 1960, pp. 36-38 donne une centaine d'ex. de substitution de -eux à -eur. Cet auteur signale en outre que ,,la prononciation parisienne de -euse, par suite de la confusion de -r et de -z, devenait parfois -eure (...) cette prononciation rapprochait les fém. d'adjectifs des anciens féminins de noms d'agents en -eure`` (p. 39).BBG. — BENVENISTE (É). Mécanismes de transpos. In : [Mél. Frei (H.)] Cah. F. Sauss. 1969, n° 25, pp. 47-49. — CONNORS (K.). Studies in feminine agentives in selected European languages. Rom. Philol. 1971, t. 24, pp. 587-592. — DARM. 1877, pp. 102-105; p. 200. — DUB. Dér. 1962, p. 15; pp. 40-44, 78-82, 89-92. — FAHLIN (C.). Zur Adjektivfunktion der Suffixbildungen auf -eur und -teur. Z. rom. Philol. 1942, t. 62, pp. 324-341. — GOOSSE 1975, p. 5, 7. — LEW. 1960, pp. 36-39, 133-140, 154-158, 213-214, 220-221, 344-345. — MARTZLOFF (C.). Une Pléthore de mots en -eur. Informat. et Gestion. 1966, n° 6, p. 40. — WINTHER (A.). Note sur les formations déverbales en -eur et en -ant. Cah. Lexicol. 1975, n° 26, pp. 56-84. — WOLF (H.-J.). It. romanista, quattrocentista. Rom. Forsch. 1972, t. 84, pp. 325-350.-eur, -euse❖♦ Suffixe servant à former des noms d'agent ou d'instrument, à partir de bases verbales. || Variantes : -ateur (ex. : adapter = adaptateur; saturer = saturateur, etc.); -isseur (verbes en -ir); -isateur, -iseur (verbes en -iser); -ificateur (verbes en -ifier).1 Le développement technique se manifeste par une substitution de plus en plus grande de la machine à l'homme dans le processus de la production; cette mécanisation, puis cette automatisation s'est accélérée (…) Le nom d'agent est devenu le nom de la machine. Le distributeur n'est plus seulement celui qui distribue, mais aussi l'appareil qui sert à distribuer (…) Les moissonneurs cèdent la place aux moissonneuses et aux moissonneuses-batteuses (…) La poinçonneuse peut être une employée du Métro, c'est aussi la machine qui sert au pointage des entrées dans les usines (…) Ce sont les substantifs en -eur et en -euse qui s'imposent au détriment des anciennes formations spécifiques en -oir, -oire, -on, -ail, d'autre part en -ier, -ière, dans la mesure où le suffixe -ier des noms d'agent a tendance à céder la place à -eur ou à -iste.J. Dubois, Étude sur la dérivation suffixale, p. 40.REM. 1. Les mots en -eur formés pour désigner des personnes (agents) ou des instruments ne peuvent être tous répertoriés. En voici des exemples :2 Et ces qualités faisaient tout naturellement de Nello, l'arrangeur, le trouveur de jolis détails, le pareur, le fioriteur de ce qu'inventait de faisable son frère.Ed. de Goncourt, les Frères Zemganno, p. 197.3 (…) bientôt l'ouvrage des mains de Tityre ne suffit plus pour sarcler et biner la terre autour du chêne, pour arroser le chêne, l'émonder, l'astiquer, l'épiler, l'écheniller, et pour assurer en la bonne saison la récolte de ses fruits à la fois nombreux et divers. Il s'adjoignit donc un sarcleur, un bineur, un arroseur, un émondeur, un astiqueur, un épileur, un échenilleur et quelques garçons fruitiers.Gide, le Prométhée mal enchaîné, in Romans, Pl., p. 335.2. Les formations en eur, -euse existent sans base verbale (hockey - hockeyeur; auto-stop - autostoppeur; oviposition - ovipositeur).
Encyclopédie Universelle. 2012.